La ville de Verviers, chef-lieu d’arrondissement en province de Liège, située à moins de 30 km de la frontière allemande et néerlandaise, est un carrefour entre Liège, Aix-La-Chapelle et Maastricht. Non loin du barrage de la Gileppe et des Hautes Fagnes, cette ville très densément peuplée mais peu étendue en superficie, a adopté le principe de la gestion différenciée de ses espaces verts, avec pour objectif de favoriser la biodiversité et de diversifier les espaces verts. Maxime Degey, échevin de l’urbanisme, de l’aménagement du territoire et des travaux, nous dévoile les grands piliers qui sous-tendent la gestion des espaces verts dans la commune de Verviers.
L’entité actuelle de Verviers est le résultat de la fusion au 1er janvier 1977 des anciennes communes de Verviers, d’Ensival, de Heusy, de Lambermont, de Petit-Rechain et de Stembert. Si Verviers ne couvre que quelque 33,07 km2, la ville présente une forte densité de population (1681 habitants/km2), soit au total 55592 habitants recensés en 2019. A proximité du centre-ville très densément peuplé se découvrent une jolie campagne et des villages plus ruraux, autrement dits une pléthore de lieux susceptibles d’intéresser les candidats-investisseurs immobiliers. La maxime de la ville de Verviers n’est-elle pas éloquente : « Vert et Vieux ». C’est l’une des plus anciennes villes du Royaume et elle est entourée d’un joli cadre champêtre.
La gestion différenciée est une approche raisonnée de la gestion des espaces verts urbains, plus respectueuse de l’environnement et préservant la biodiversité en limitant l’artificialisation et en favorisant la diversification des espèces et des milieux. Le principe est d’appliquer à chaque espace le mode de gestion le plus adapté en tenant compte de son utilisation et de sa situation. En clair, les espaces verts seront répertoriés en différentes classes en fonction de leur besoin d’entretien : les zones plus fréquentées feront l’objet d’un entretien plus intensif tandis que les zones peu utilisées bénéficieront d’un entretien « plus doux » qui laisse une place à la nature. Pour opérer cette transition, la ville se base sur une étude du bureau Apitrees clôturée en 2019 et reprenant un cadastre des espaces verts, un relevé des espèces invasives et un zonage des espaces en différentes classes de gestion. Evidemment, cette gestion différenciée bannit l’usage des pesticides.
La mise en pratique recourt à des techniques alternatives (désherbage mécanique, thermique ou manuel et fauchage tardif), s’efforce de stimuler la végétation spontanée là où c’est possible, favorise l’engazonnement, par exemple dans les cimetières communaux.
En parallèle, un second axe en matière de politique des espaces verts consiste à privilégier la végétalisation au cœur de la ville, par exemple dans les parcs urbains. C’est ainsi que le Parc Fabiola, en centre-ville, subit une belle transformation, avec la plantation d’arbres et de bosquets, l’aménagement d’une plaine de jeux et d’espaces de pique-nique, de repos et d’activités sportives. Dans le même esprit, le poumon vert qu’est la Promenade des Récollets, également en centre-ville, fortement impactée par les inondations de juillet 2021, bénéficiera d’un plan de réaménagement sur cinq ans, représentant un investissement annuel de pas moins d’un million d’euros et ciblant notamment de lourds travaux de stabilisation et de sécurisation des abords. Quant au Parc du château des Moines, dans le village de Stembert, le chantier inclut l’enlèvement des arbres morts, la création d’un arboretum didactique et la réfection des terrains de pétanque.
Le bitume est, on le sait, très présent dans les centres-villes. Cette artificialisation du milieu a montré ses effets néfastes lors des récentes inondations. Aussi la ville de Verviers s’est fixé pour objectif d’étudier, avec l’aide d’un bureau d’architectes, l’ensemble de ses voiries pour y intégrer la mobilité douce et les espaces verts. Mais concrétiser cette démarche prendra des mois, voire des années. Dans l’attente, il va de soi que chaque nouveau projet immobilier se doit de proposer au minimum une terrasse et d’apporter la meilleure réponse possible au défi de l’écoulement des eaux.
Toutefois, comme le précise Maxime Degey, le terrain d’action ne peut pas s’envisager uniquement au niveau communal, local. En effet, la problématique de la lutte contre les inondations impacte la Région wallonne dans son intégralité. Les différentes études commanditées par la région n’ont pas encore débouché sur des lignes politiques et stratégiques très claires. Dès lors, la ville reste quelque peu dans l’expectative. Et ceci est d’autant plus dommageable qu’il faut être conscient de la concurrence qui peut s’instaurer entre les communes sollicitées par l’un ou l’autre investisseur immobilier. Une ville ou commune peut-elle se permettre d’imposer nettement plus d’exigences urbanistiques que les villes et communes voisines, au risque de voir le candidat-investisseur partir vers d’autres cieux plus conciliants ? Affaire à suivre, en tout cas !